Une Dame Joueuse

J’ai été contactée pour cette tenue de Cour des années 1530 pour la troisième édition du jeu de rôle grandeur nature « A meeting of Monarch ».

La cliente souhaitait une robe conforme à ce style sans pour autant entrer dans une démarche purement reconstitutrice. Ainsi ses choix de tissus n’étaient pas purement dirigés par les matières présentes à l’époque, certains détails peu visibles sont visiblement mécanisés.

Pourquoi préciser la décennie ? Parce que dans les Cour royales du XVIe siècle, la mode est bien en place. On a des styles de costumes très différents au fil du temps. On commence donc à avoir besoin de préciser plus la période visée. Ici le GN conseillait une mode 1520s, mais la cliente a préféré se rapprocher de la mode 1530s.

Pour cette mode anglaise du XVIe siècle, ma référence est « The Tudor Tailor » par Jane Malcolm-Davies et Ninya Mikhaila

Les dessous de madame

Comme pour toute période de l’âge sombre avant la machine à laver, on ne met pas un vêtement couteux à même la peau parce que la lessive, c’est extrêmement relou à faire. Le premier sous-vêtement est une chemise en lin plutôt simple, même si on peut en voir avec de superbes broderies au fil noir appelées blackwork, typiques de l’époque, comme sur cette piece conservée par le musée de la mode de Bath

On peut voir un peu de ces broderies au bout des manches de ma cliente. Elles ne sortent cependant pas de mes aiguilles, mais des siennes.

Il y a aussi un petit faux cul pour donner à madame la silhouette à la mode, ainsi que des jupon. Ici un seul, mais a l’époque il peut y en avoir plus, ne serait-ce parce que l’époque est plus froide que la notre et que ça tient chaud.

Pas de vêtements spécifiques pour soutenir la poitrine, mais on verra que la kirtle a un peu cet effet

La Kirtle, la robe de dessous

Dans le look complet, cette robe est discrete, on n’en appercoit presque que l’avant de la jupe. C’est probablement pour cela que les Anglais parlent de « Kirtle », littéralement « Jupe ». C’est cependant une robe complète selon notre définition moderne du terme : en plus d’une partie jupe, elle couvre aussi le buste. Elle enveloppe d’ailleurs suffisamment le buste pour donner un certain soutien mammaire comme je le mentionnais plus haut.

Elle est fermé par un lacage. Dans ce projet, les oeillets sont faits à la machine, comme des boutonnières. Pour une personne plus en recherche d’authenticité, on peut les faires à la main. Pour une personne en recherche de solidité, on peut utiliser des oeillets métalliques, mais ce n’est pas plus historique que les boutonnières machine.

Les manches, ici assorties à la kirtle, n’en font cependant pas partie, elles sont indépendantes et attachées aux coudes par les liens que l’ont voit sur ces photos.

Le Manteau de robe

Par-dessus la Kirtle, on a la sur-robe, appelée Gown dans mon livre. Elle est complètement ouverte devant, la jupe n’est pas complétée pour laisser visible la Kirtle dessous. Et même si une fois habillé elle semble fermée au niveau du buste, en, fait non, c’est un piège ! Le devant de la Gown est séparé en deux, fermé par un laçage, comme visible sur la première photo. En fait, il y a un plastron qui est fixé par-dessus le laçage et qui le cache.

Et si la jupe vous parait simple… sachez qu’elle fait quatre mètres de long et est arrangée en plis complexes. On parle de huit épaisseurs de jupe… qui est doublée. Donc seize épaisseurs !

Les manches sont merveilleusement exagérées !